Le Quotidien de la Biennale

 

L’idole féminine est là, face à nous. enfin une féminité esquissée. Nous sommes trop souvent guidés dans les chemins de nos rêveries.
L’excès de détails appauvrit notre imagination. elle, nous pouvons la regarder pendant des heures, car elle est toutes les femmes. c’est un espace de liberté totale qui s’offre à nous. je peux l’imaginer blonde ou rousse, je peux l’imaginer américaine ou suisse, je peux l’imaginer en lectrice
de milan Kundera ou adoratrice d’elvis. elle est ce que nous attendons du fantasme : l’univers du possible. mais elle doit forcément posséder une vérité.
plus je la regarde, plus je voudrais la savoir. quelle est son histoire ? quelque chose de triste semble la parcourir. enfin non, pas triste, mais disons résolu.
on pourrait facilement la croire dans une position de repli, comme fermée au monde donc aux hommes. elle se rangerait alors dans cette catégorie surpeuplée des femmes déçues par l’amour. mais non, ce n’est pas ça. son intensité prouve qu’elle n’est pas à l’abri du monde. elle a trop de force en elle pour être dans la faiblesse du renoncement. elle est face à l’avenir, avec une assurance farouche. elle attend, oui c’est une femme qui attend. sûrement l’amour. peut-on vraiment attendre autre chose avec une telle volonté au corps ? je voulais lui dire que j’arrive. j’espère qu’elle voudra de moi. oui, juste
le temps de prendre une douche et de traverser quelques siècles, et j’arrive.

The female idol is there, facing us. Finally a suggested femininity. We are too often guided on the paths of our daydreams. An excess of details impoverishes our imagination. But where she is concerned, we can spend hours looking at her because she is all women. A space of total freedom that is offered to us. I may imagine her blonde or redheaded, I may imagine her American or Swiss, I may imagine her as a Milan Kundera reader or as an Elvis worshiper. She
is what we expect of fantasy: the world of the possible. But she must obviously possess some truth. The more I look at her, the more I want to know what it is. What is her history? Some sort of sadness seems to brush over her. Actually no, not sadness, but let’s say resolve. One could easily believe she is in some fallback position, as if sealed from the world, and thus from men. She would thus fall into the over-crowded ranks of women disappointed by love. But no, that’s not it. Her intensity proves that she is not sheltered from the world. She has too much power in her to be in a situation of weakness of renunciation. She is facing the future with fierce assurance. She awaits, yes, she is a woman who is waiting. Surely for love. Can one really expect anything else from someone with such willpower attached to the flesh? I wanted to tell her I’m coming. I hope she will want of me. Yes, just give me time to take a shower and to cross a few centuries, and I’ll be there.

David Foenkinos est né en 1974 à Paris. Il publie Le Potentiel érotique de ma femme en 2004 (prix rogernimier)
et Nos Séparations en 2008. Il est lauréat du prix François-Mauriac et du prix Jean-Giono. ses livres sont traduits en plus de 15 langues. La Délicatesse est le huitième roman de David Foenkinos, il vient d’être adapté au cinéma et a été nominé aux Césars.
David Foenkinos was born in 1974 in Paris. He published “the erotic Potential of my wife” (Le Potentiel érotique de ma femme) in 2004 (roger Nimier Prize) and “our Separations” (nos séparations) in 2008. He was awarded the François Mauriac and Jean Giono literary prizes. His books have been translated into more than 15 languages. “the Delicacy” (La Délicatesse) is David Foenkinos’ eighth novel, it was recently adapted to film and has been nominated for a César. un obJet, un écrivain
par david foenkinos