Le PAD vient en complément d’Artgenève à Palexpo

Le PAD vient en complément d’Artgenève à Palexpo

La foire de design en arrive à sa deuxième édition. Elle regroupe 27 marchands. Il y a là de l’archéologie, de l’ethnographie, du design et des bijoux.

Le PAD s’est invité à Artgenève en 2018. Après tout, pourquoi pas? Cette foire bien française avait commencé par faire du camping au Jardin des Tuileries sous le nom de Pavillon des Arts. Le design s’est ajouté par la suite. Il tenait de la cure de rajeunissement. La manifestation a ensuite gagné Londres. Notre ville arrivait en troisième position. Il y a toujours eu chez nos voisins d’outre Jura un mirage helvétique. Comme au Pérou dans l’imaginaire de jadis, nos rues sont pavées d’or. On sait qu’associé une nouvelle fois à Artgenève, le PAD ouvrira une nouvelle antenne à Monaco en avril prochain. L’idée me semble en fait meilleure. Les exposants me paraissent mieux en phase avec le goût dominant chez les exilés fiscaux de cette principauté d’opérette.

Je n’avais pas dit grand bien de l’édition 2018, ce qui m’a d’ailleurs valu de ne pas me voir réinvité cette année. Qu’importe! Les cartes d’entrées se distribuent ici généreusement. Il faut bien remplir cet appendice d’Artgenève, même si la manifestation ne compte que 27 stands. L’an dernier, les organisateurs avaient promis de ne pas trop s’agrandir pour garder au PAD un caractère intime. Ils ont failli se voir trop bien écoutés. A quelques semaines de l’inauguration, les galeristes n’étaient que 22. Beaucoup n’ont pas voulu renouveler leur expérience de l’an dernier. Certains font du reste un galop d’essai en 2019. Je pense à Santo Micali de Mermoz, qui propose un superbe ensemble précolombien. Sa spécialité. Il a renoncé pour cela à la BRAFA de Bruxelles. J’espère que cet homme très chaleureux, très ouvert, ne perdra rien au change. On se sait plus s’il faut admirer chez lui davantage les Olmèques que les Mayas ou les Zapotèques. Toutes les pièces présentées dans un décor teinté de rouge se révèlent de très haut niveau.

L’air des bijoux

Mermoz a du coup rejoint Phoenix Ancient Art, qui se trouve dans la même allée. La maison genevoise, qui fait beaucoup parler d’elle dans la presse, ne propose pas ici ses chefs-d’œuvre. Les bijoux de famille se trouvent en ce moment à la BRAFA. L’ensemble grec, romain, byzantin ou islamique apparaît néanmoins prestigieux. Une partie des pièces portent la mention du fonds d’investissement qui a créé The Sleeping Beauty Collection. Ces belles au bois dormant sont des objets grecs antiques qui se voient revendus, notamment à des musées. L’idée est de gagner non seulement de l’argent, mais de les restituer au regard d’un public allant… jusqu’en Chine. Ratton complète ce panorama avec d’importantes sculptures du Continent noir. Un secteur en pleine tourmente chez nos voisins. Pas un cartel sous les objets. C’est là le péché mignon des africanistes. Nous sommes en théorie ici chez des connaisseurs.

Et autrement? Il y a des bijoutiers, bien sûr. Seconde main de haut luxe (Cartier, Bulgari, Van Cleef et Arpels…) avec Sheffield, qui se trouve dans la Corraterie genevoise. Créations d’auteurs aussi. C’est un plaisir de retrouver Walid Akkad, qui invente comme toujours des pièces sobres et élégantes, avec une pincée de fantaisie tout de même. La discrétion n’est en effet pas la caractéristique majeure des exposants de meubles tout autour. C’est en général gros, laid, lourd et vulgaire, avec ce qu’il faut de tapageur et de clinquant pour plaire aux fortunes récentes. Il suffit de lire les lieux d’origines des galeristes. Megève ou Gstaad font le plus mauvais effet. Heureusement que la lumière a été tamisée par rapport à l’an dernier, où tout ce qui brillait n’était déjà pas or. Notez qu’un certain ennui scandinave ne vaut ici guère mieux.

Deux Genevois dans la mêlée

Dans ce désastre surnagent deux exposants genevois. Patrick Gutknecht présente des pièces historiques signées Jean Dunand (qui était du reste de Lancy), de Serge Roche ou de Jacques Adnet. Mais il a aussi invité des contemporains, ce qui vaut au public des travaux photographiques de Cédric Delsaux et des meubles plutôt sobres d’Eckhard Beger, dont une table en forme de pieuvre. Lionel Latham a lui aussi amené quelques pièces anciennes. Elles se retrouvent entourées de sièges exubérants d’Yves Boucard et de sculptures sur bois de Manuel Müller. Il y a aussi de l’argenterie (pièces uniques) de la Bâloise Barbara Amstutz. Il s’agit pour le galeriste de soutenir la création helvétique. Pourquoi chercher ailleurs ce que l’on peut trouver chez soi?

Pratique

PAD, Artgenève, Palexpo. 30, rue François-Peyrot, Grand-Saconnex, Genève, jusqu’à 3 février. Tél,. 022 761 11 11, site www.artgeneve.ch  Ouvert les vendredi 1er, samedi 2 et dimanche 3 février de 12h à 20h.

Lire l’article en ligne: https://www.bilan.ch/opinions/etienne-dumont/le-pad-vient-en-complement-dartgeneve-a-palexpo