La galerie Phoenix Ancient Art montre à Genève les guerres de l’Antiquité sous leur meilleur jour

La galerie Phoenix Ancient Art montre à Genève les guerres de l’Antiquité sous leur meilleur jour

par Etienne Dumont

L’homme fait la guerre depuis qu’il se tient sur ses pattes arrière et qu’il sait tenir un caillou dans sa main. Les technologies militaires se sont donc développées tôt. Les combattants antiques étaient déjà enrobés de cuirasses et coiffés de métal. Chez certains peuples, les conflits se révélaient permanents.
C’était l’activité mâle par excellence. Homère, qui préférait les Troyens, disait déjà des Grecs qu’ils étaient querelleurs.
Tout cela a laissé des traces physiques. Installé à Genève depuis une quinzaine d’années, Phoenix Ancient Art peut du coup proposer une exposition intitulée Arès.Cet équivalent hellénique du dieu Mars se voyait préposé à la guerre. Ce que le visiteur découvre dans des vitrines, ou posé sur des socles, est ainsi lié aux conflits humains. Il s’agit parfois d’armes, mais aussi de représentations guerrières. La symbolique du pouvoir joue par ailleurs un rôle important. Les plus belles pièces proposées rue Verdaine ont été conçues pour la parade. Mais qu’y a-t-il, au fait, dans cette exposition, dont une première version a été présentée au siège new-yorkais de Phoenix? Des objets de fouilles grecs, romains, sumériens. étrusques, ibériques ou sardes. Essentiellement des vestiges liés au monde méditerranéen.
L’univers précolombien, pour le moins sanguinaire, ou celui de la Chine antique restent ainsi absents. Un extraordinaire carquois scythe en bambou et cuir, dans un état de conservation remarquable, marque une frontière.Nous sommes à la limite des steppes asiatiques. Tout apparaît toujours extraordinaire dans les magasins gérés par les frères Ali et Hicham Aboutaam.Non seulement les objets sont superbes,mais ils sortent du commun. D’un casque de fer garni de petits motifs en forme d’ânes, on se contente du coup de parler d’Europe septentrionale du Ier siècle ap. J.-C. «Il n’existe aucun autre modèle du genre», explique Brenno Bottini. Le reste semontre à l’avenant. Qu’en retenir? La hache votive phénicienne en or des débuts du IIe millénaire av. J.-C.? L’énorme bouclier de bronze urartéen, ciselé enAnatolie vers 800av. J.-C.? La panoplie, avec casque de rechange, que portait un guerrier italiote vers 350 av. J.-C.? Le
somptueux vase tourné à Corinthe vers 590 av. J.-C.? Aucun musée n’offre en fait un tel niveau de qualité. Il y a normalement dans les institutions étatiques des pièces mineures,présentées en tant qu’informations. Ici tout répond à d’exigeants critères esthétiques. On comprend, hors stratégie, pourquoi on peut parler d’un art de la guerre