Faiences – Geneva 2012

18.04.2012

Geneva Gallery

17h

Les marchands d’art ont souvent une affinité particulière avec les objets qu’ils acquièrent. Il leur arrive, de ce fait, d’être partagés entre le désir d’inclure ces objets à leur inventaire de vente ou de les conserver pour eux-mêmes. Certaines des oeuvres d’art présentées dans cette exposition ont été collectées à l’origine par Sleiman Aboutaam et sont restées dans sa famille, où elles ont pu être admirées et étudiées par ses fils, Ali et Hicham. Inspirés par leur père qui leur a transmis un amour immense pour l’Antiquité et des connaissances de première main à ce sujet, Ali et Hicham, en dignes représentants de la deuxième génération d’antiquaires, ont poursuivi son travail et ajouté, au fil du temps, de nouvelles pièces au noyau initial de cette collection privée de faïences. Les objets présents dans cette exposition sont, par conséquent, investis d’une forte valeur sentimentale, ayant servi d’exemples de chefs d’oeuvre de la faïence pour la famille Aboutaam. L’attrait que ces oeuvres ont exercé a été favorisé, en outre, par le fait qu’elles provenaient de collections renommées et bien établies, comme celles de Charles Gillot, du Baron Empain, de Félix-Bienaimé Feuardent, de San Giorgi, de Daniel-Marie Fouquet, de Spencer-Churchill, de Charles Ratton, de Gawain McKinley, de Guy Weil Goudchaux ou de Roger Liechti. Ces collectionneurs étaient admirés pour leurs choix esthétiques et les objets qu’ils possédaient étaient traditionnellement de la plus haute qualité. Nous pensons que cet attrait collectif pour la faïence s’inscrit dans les propriétés mêmes de ce matériau particulier, dont les qualités scintillantes et réfléchissantes off rent aux surfaces qu’elles imprègnent un incomparable chatoiement proche de celui des pierres précieuses. Il n’est pas étonnant, dès lors, que les Anciens aient considéré la faïence comme un matériau privilégié et qu’ils aient vu en elle des caractéristiques symboliques qui répondaient à leur vision spirituelle du cosmos. Pour les Egyptiens, qui appelaient ce matériau tchehenet (terme signifi ant la «brillante»), les nuances vert-turquoise ou bleu-lapis symbolisaient la résurrection et la renaissance, à l’image du lever et du coucher du soleil quotidien, tout comme les teintes blanches évoquaient la pureté et la propreté. Pour toutes ces raisons, nous sommes heureux de pouvoir présenter aujourd’hui cette exposition qui rassemble un large éventail d’objets provenant de diverses cultures qui illustrent, chacune à leur façon, les tendances artistiques développées au sein du monde antique. Ainsi, en plus des exemples couvrant toutes les périodes de l’Egypte ancienne, se trouvent des réalisations sumériennes du IIIe millénaire av. J.-C., des pièces splendides datant de l’âge du Bronze récent provenant d’Ougarit (Ras Shamra), de Suse, etc. A ces dernières s’ajoutent des objets raffi nés, exécutés aux débuts de l’âge du Fer et attribués à des centres de production d’Asie occidentale, comme Ziwiye, mais aussi d’Assyrie. Quelques exemplaires plus tardifs, provenant de Syrie hellénistique, des empires sassanide et romain constituent les créations les plus récentes réalisées en faïence, le plus malléable des matériaux artistiques antiques.